n l'an 2012, un peu avant l'arrivée de l'hiver, Anne et Romain, deux français perdus au bout du monde ont décidé d'aller se perdre un peu plus loin encore, au bout du bout du monde... Leur aventure n'est pas sans aventures...
Chapitre 1 : le chapitre un
Tout a commencé le vendredi 12 octobre lorsque Kai les a appelés pour leur donner rendez-vous chez eux le lendemain matin, à 7h30 (théoriquement), pour partir en voyage chez ses parents, dans la montagne.
Non, en fait, tout a commencé exactement en début de semaine, le mardi (van ankhan) 9 octobre.
Ce jour-ci fait suite au lundi (van chan) 8 octobre, qui lui même fait suite au dimanche (van athit) 7, jour de la fête des professeurs au Laos, férié pour les professeurs.
Ce jour tombant un dimanche, il convient alors de le rattraper le lundi. Et comme le lundi fut le jour des professeurs, il convient alors de fêter cela dignement le mardi en organisant la fête de l’école.
Danse le matin, repas commun le midi et concours de pétanque l'après-midi.
Anne, professeur de français dans cette école, est arrivée ce mardi vers 9h30 pour prendre les festivités en cours. Comme elle est blanche, elle a échappé au concours de danse et en est bien contente.
Romain quand à lui l'a rejointe plus tard. Il a été faire un entretien pour un futur travail. Ça lui permettrait de s’intégrer dans cette société presque impénétrable, et par la même occasion d'essayer de la comprendre.
L'entretien s'est bien passé mais il doit encore rencontrer le second associé du restaurant pour lui prouver qu'on ne peut pas se passer de ses services...
L' Éléphant restaurant possède 4 restaurants en tout, équipés de chambres froides, fours et générateurs électriques, 4 maisons pour le personnel et 2 fermes. Il possède aussi un atelier de menuiserie, un atelier de ferronnerie, un atelier de dépannage et un atelier de couture. C'est dire si ça plairait à un gars comme Romain de superviser tout ça. En fait, il préférerait travailler comme simple employé à l'atelier de ferronnerie ou de menuiserie, mais bon, il se contenterait aussi d'un poste de management !
Romain se pointe à la fête de l'école vers 11h30, l'heure du repas.
Le menu est le suivant, riz collant (kao niao), salade papaya, et laap de boeuf. C'est très bon.
A côté de lui s'assoit Kai, professeur diplômé de sciences naturelles et sciences sociales et qui parle bien anglais.
Anne est en face, et ne sait pas trop quoi dire parmi toutes ses collègues qui parlent laotien autour d'elle. Elle ne peut pas entendre la conversation car ici, au pays des millions d'éléphants, on adore le karaoké et la musique très forte. Quelqu'un chante pendant qu'ils mangent mais personne ne l'écoute. Kai me confie qu'il essaye de chanter des fois lui aussi.
Le repas se termine et il nous amène au concours de pétanque. Les différents départements de l’école s'opposent dans un tournoi. C'est là que Kai propose à Romain ce qui sera une belle aventure, somme toute assez banale pour un lao, mais assez surprenante pour deux petits blancs becs, qui rougissent au soleil comme des écrevisses dans l'eau bouillante...
Ce que Kai propose, c'est d'aller dans le nord du pays faire un coucou à sa famille, d'abord à ses parents puis à son petit frère. C'est à 85km de Luang Prabang et il faut 3h pour y aller. Kai propose d'y aller dans 2 semaines. Nos 2 petits personnages sont tout à fait d'accord avec cette proposition et fixent la date dans leur tête. Enfin pas Romain, lui, il compte sur la tête d'Anne pour retenir ça.
Mais...
Comme chacun sait, l'écoulement du temps en Asie n'est pas le même qu'en Europe. Un scientifique l'a prouvé avec des calculs mathématiques. Il avait dit que le temps est relatif à la vitesse de déplacement. Plus l'on va vite, moins le temps s'écoule vite. Ainsi, au Laos, on va si doucement que le vendredi 12 octobre, 2 semaines avaient déjà du s'écoulr depuis le mardi 9, car Kai a appelé Romain pour partir dès le lendemain matin, à 7h30 chez sa famille. Seulement 4 jours s'étaient écoulés pour les petits français et ils ne s'y étaient pas préparés.
Ce qu'ils avaient préparé, c'est une grosse soirée le soir même avec un autre couple de français, une allemande et une lao.
Ce qui s'est passé cette soirée là, personne ne le sait, beaucoup se l'imaginent cependant. La seule chose qu'on sait, c'est qu'ils ont eu beaucoup de mal à sortir de leur lit le lendemain matin, à 6h15, qu'ils n'avaient pas grand appétit pour le petit déj comme pour la vie en général. Ce matin-là, Anne et Romain seraient bien restés au lit !
Mais la relativité a encore frappé, à la porte cette fois et vers 7h05, au lieu des 7h30 prévus. Ainsi, Kai rentre dans la maison alors que Romain est en caleçon et qu'Anne fait la vaisselle en pyjama. Oui, elle faisait la vaisselle ! Allez comprendre, peut-être qu'enlever la crasse des assiettes l'aidait à enlever le voile de poussière qui embrouillait son cerveau... On ne sait pas...
Ils font donc en vitesse leurs affaires avec Kai à côté d'eux qui ne semble pas voir qu'ils sont gênés par sa présence dans la maison alors qu'il faut préparer les sacs. Romain avale ses nouilles en vitesse et ils sortent la moto pour partir...
Kai leur précise au passage qu'ils vont dormir là-bas...
-Ah bon... OK !
Chapitre 2 : la route
Si on calcule, on se dit que 85km peuvent être avalés en 1h30 avec des scooters/moto 100cm3 qui doivent bien monter à 70/80km/h en poussant. Mais pousser n'est pas dans l'esprit laotien. L'expression "pousser sa moto" ne doit même pas exister dans le langage laotien si ce n'est pour designer le fait de la pousser quand elle est en panne bien sûr ^^.
Étant donné que le compteur de vitesse du scooter d'Anne et Romain ne marche pas, ils ne sauront jamais à quelle vitesse ils avançaient. Romain juge quelque chose comme 30-35km/h. En effet, il leur a fallut 3h pour faire les 85km. Faut dire que la route n'est pas parfaite, mais quand même...
-Petit a parte-
Anne et Romain se moquent souvent des laotiens qui les accueillent pourtant si gentiment dans leur pays. Mais ils essaient de s'améliorer. Ce ne sont pas les pires, certains étrangers les haïssent carrément. Tout le monde dit du mal d'eux, au sujet du travail notamment. Mais ils ont de très grandes qualités bien sûr. Ils sont très très gentils, même ceux qui sont méchants. Ils sont bosseurs, mais travaillent différemment. Alors que les occidentaux travaillent intensément pendant peu de temps, eux travaillent doucement pendant longtemps. Alors il semblerait que ça coince souvent... Ils ont le sens de l'accueil simple aussi. Et bien d'autres qualités qu'Anne et Romain découvriront ce week-end là.
Arrivés au village des parents de Kai, Anne et Romain avaient mal aux fesses et étaient bien heureux à l'idée de commencer à marcher un peu pour aller rejoindre le village de son petit frère.
Mais que nenni, ils se reposent 5 minutes et reprennent la moto.
Et là commence alors LA PISTE, la vraie, celle qui est dans nos têtes quand on pense à un village Laotien. Celle qui ne permet pas d'aller plus vite que 10km/h, celle qui a des ornières de 30cm de profondeurs et de la largeur de la roue, celle qui nécessite autant l'utilisation des pieds que des abdominaux. Celle qui impose à Anne de descendre de la moto parfois tant elle monte raide. Qui nous fait prendre conscience de la faible hauteur de la garde au sol d'un scooter. Celle qui forme Romain au mystère du tout terrain en 3 minutes...
Bref, ils suivirent cette piste pendant 1 heure. Ils traversèrent de nombreux villages où Kai demandait son chemin et vérifiait sur la piste s'il y avait des passages de roues afin de savoir s'il était sur le bon chemin ! Derrière lui, Anne et Romain pensaient qu'ils n'avaient bientôt plus d'essence et Romain entrevoit déjà la possibilité de dormir dans la jungle. Faut dire qu'il flippe d'un rien celui-là !
Finalement, après un dernier passage dans un tunnel sombre de bambous arrondis, ils découvrent le village, dont ils ignorent le nom. Puis, ils trouvent la maison du petit frère.
Chapitre 3 : au village
Le petit frère fait à manger une omelette frite et une salade de haricots crus et du riz colant. C'était très bon comme d'habitude, et un peu épicé.
Le petit frère de Kai doit avoir une petite trentaine.
A ce stade, nos aventuriers subissent le contre coup inévitable de la digestion et de la soirée de la veille. Ils ont envie de dormir. Mais ils s'accrochent et suivent Kai au bord de la rivière pour aller faire un tour dans les village voisins en bateau.
C'est une fine et longue barque en bois avec un moteur "longue queue".
La rivière Nam Gna (prononcer "gna" comme c'est écrit mais avec la langue collée au palais - impossible) est une rivière tumultueuse avec beaucoup de courant et de rapides.
Ils montent donc à bord du bateau. Le conducteur, un ami du petit frère qui parle un peu anglais, connait bien la conduite du bateau parce qu'il s'avère que c'est très technique de remonter ces rapides. Longer le bord et éviter les pierres sous l'eau. La coque frotte quelque fois sur la caillasse mais pas méchamment. Il faut aussi relever l’hélice lorsque leur embarcation passe sur les filets des pécheurs.
A ce stade, des photos sont bien méritées.
Ainsi pendant 1h environ.
Les fesses d'Anne et Romain, après ces 3h de route, 1h de piste et 1h de bateau assis sur un bout de bois, sont douloureuses.
Ils arrivent vers 15h dans un village voisin et il se met à pleuvoir... Ah quand même !
Ils se réfugient dans la maison d'un des amis du petit frère de Kai. Ils leur parlent d'orange :
-Here many orange, dit le conducteur du bateau.
-Oh yes, many. In France, many oranges but no orange tree. Too cold, expliqua Romain.
-Oh so no fresh orange ? demanda le conducteur du bateau.
-Noooo, répondit Romain, but we would like to have orange tree because no plants and trees at home in Luang Prabang.
-Ooohhh, ok, Here, everywere. Will give you ! dit le conducteur.
-Ooohhh super ! conclut Romain.
A la fin de la pluie, ils se dirigèrent vers des plantations d'oranger pour prendre ce qu'Anne et Romain avaient compris, un oranger. Ils cueillirent un plein sac d'oranges et retournèrent au bateau. Mais pas d'oranger. Ils n'avaient pas dû se comprendre. Ça arrive tout le temps et ça ne surprend plus nos compères ! Un sac d'orange, quelle joie pour Anne !
Petit arrêt pêche au filet sur le retour. L'équipe s'est dirigée avec le bateau dans une petite rivière affluente. Ils ont dû vite mettre pied à terre et continuer dans le torrent à pied. Mais ils étaient pied nus et Anne et Romain se sont vite avouées vaincus par les galets et sont redescendus au bateau. Ils lancent le filet dans une zone d'eau peu profonde pour pêcher du petit vif. Ça n'a pas très bien mordu cette fois ci, une dizaine de poissons seulement. Kai explique que c'est certainement parce que quelqu'un est venu pêcher récemment avec une batterie...
Retour final au village. Anne et Romain sont exténués.
Ils se lavent chez les voisins et se reposent un peu sur un banc sous un arbre avec vue sur la montagne et les rizières. Au loin, on peut entendre le bruit régulier d'un groupe électrogène qui alimente l'antenne cellulaire.
On voit aussi des petites cabanes ouvertes qui servent aux paysans pour se reposer quand ils vont travailler dans les champs. Kai explique que nombreux sont les villageois qui dorment dans la montagne pendant la récolte du riz (en ce moment), ce qui explique le calme qui règne dans le village. C'est vrai que c'est très calme. Les poules sont grosses, et ont une vrai belle allure (contrairement à celles de Luang Prabang). Les canards aussi. Eux, ils aiment boire l'eau de la douche... Les petits chiens se battent et se mordillent. Les enfants ne sont même pas bruyants, ils sont calmes et tout est calme !
Ils visitèrent ensuite tout doucement le village avec le conducteur du bateau, un jeune homme de 21 ans. Ils découvrirent le temple et les bouddhas à l’intérieur, les fresques aussi décrivant des scènes impliquant les esprits mais qu'il ne peut pas raconter car il ne comprend pas la langue inscrite dessus. Il s'agit d'un dialecte de son peuple, les LEU (prononcer "leu" mais avec là encore la langue collée au palais, ton très grave).
A la fin, ils arrivent chez lui et il leur offre un verre d'eau et leur explique qu'il y a 3 ans, sa famille a dû venir habiter ici car la rivière était en crue.
Vient l'heure de manger ensuite. C'est délicieux comme d'habitude. Les lao ont tué un poulet ce soir pour eux, et l'ont préparé dans une soupe accompagnée de riz vapeur et de riz gluant. Le poulet étant pour nos deux incrustés, les lao n'en mangent presque pas et laissent tout à Anne et Romain qui se goinfrent tellement c'est bon.
Et vient ensuite l'heure du LaoLao, l'alcool de riz.
Chapitre 4 : alcool de riz et fin de soirée
C'est un moment traditionnel qui se passe sous leurs yeux. La façon de boire des laotiens n'a rien à voir avec les manières occidentales de nos occidentaux. Ici, on n'utilise qu'un verre. La personne qui sert boit un fond à la santé de tout le monde. Il sert ensuite la personne à côté de lui. Un fond toujours. Si ce dernier en veut moins, il peut demander de remettre dans la bouteille. Puis il boit. Le serveur sert et tend au second, etc... jusqu'à ce que la bouteille soit vide.
Heureusement pour eux, le serveur décide d'arrêter avant la fin de la bouteille (après avoir vidé les 4/5 !) et d'aller chez le voisin (chez qui on a recommencé une nouvelle bouteille !).
Il n’était que 20h lorsque tout le monde est allé se coucher. Enfin, c'est ce qu'Anne a supposé car les lao sont partis, ayant préalablement dit à Anne et Romain qu'ils étaient fatigués et devaient aller se coucher, comme à des enfants. Ce que ces derniers se sont empressés de faire.
Les femmes ont continué de parler et rigoler dans la pièce en dessous des chambres. Pendant 1 ou 2 heures. Puis elles sont venues se coucher à l'étage.
La nuit qui tombe tôt ici était très calme et nos deux aventuriers dormirent bien sous une grande moustiquaire. Ils se réveillèrent le lendemain vers 6h30 pour partir vers 7h30 pour Luang Prabang.
Chapitre 5 : chemin de retour, panne n°1 et panne n°2
Le passage de piste inverse se fit sans problème. Ils s'arrêtèrent chez les parents de Kai pour prendre le petit déjeuner. Et devinez-quoi ? C'était délicieux ! Une soupe de bambous avec du porc cuisiné sucré-salé, accompagné de riz collant. Un régal !
Ils reprirent la moto et là Kai devait être pressé de rentrer car ils s’aperçurent que leurs moto peuvent aller un peu plus vite ! Seul l'état de la route limitait leur vitesse. Il y avait parfois quelques beaux trous qu'il convenait d'éviter de prendre à 60km/h. Au bout d'1h30, ils étaient à 10 km de Luang Prabang. Et là, et bien la moto cessa d'avancer, tout simplement. Panne sèche. Au village, ils avaient pu remettre 2 litres d'essence quand même, mais ça n'a pas suffit.
Au Laos, l'essence n'est pas vendue que dans les stations service. Sur le bord de cette route, toutes les guitounes vendent de l'essence en bouteille d'un litre. Donc nos héros n'ont pas eu à pousser beaucoup, d'autant que c'était en descente.
La moto à bien eu du mal à redémarrer suite à ça, mais ça l'a fait.
Ils ont repris la route pour s’arrêter à une station service afin de faire le plein cette fois ci.
La malchance avait du frapper le couple de blanc becs ! La moto ne redémarrait plus ! Même pas de coup de démarreur, rien. Mais l'œil aguérri de Romain a su remarquer un petit faux contact au niveau de la poignée de frein, qu'il faut serrer pour lancer le démarreur. Après avoir shunté ce contact (caisse à outils dans le coffre du scooter), ils ont pu redémarrer et rentrer dans leur foyer.
Chapitre 6 : Fin
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Photos et vidéos du week-end
Anne est fatiguée et a des coups de soleil
les piments !
une petite vidéo de travers !
un beau coq et une belle poule ! roohhh
les piments qui sèchent au bord de la route
Décidemment, les weekends laos sont riches en émotion...Pas le temps de vous faire part des émotions ressenties à la lecture de ce post car boulot oblige...mais ça donne le smile de vous voir profiter comme cela! Des bisettes
RépondreSupprimerOuais c'est vrai. Et on a encore plein de trucs à découvrir !
RépondreSupprimerBravo pour ta prose Romain ! On en redemande ! Tu m'as fait bien rigoler et Guillaume aussi a rigolé quand il m'a entendu essayer de prononcer les mots laos avec la langue collée au palais !!!
RépondreSupprimerC'est vrai qu'on a un peu l'air con quand on essaie de prononcer un mot avec la langue collé sur le palais !
RépondreSupprimerWow que d'aventures!
RépondreSupprimerNotre vie nous paraît si commune comparée à la votre ^^ Enfin bon, on est des aventuriers quand même hein, faut pas croire!! On part en week-end à l' autre bout du département, on se baigne dans des piscines à 17°C bref, on est aussi des explorateurs de l'impossible, des foufous!!!
Par contre on a pas la piste de rallye pour la moto (foie de biker, c'est pas de la route de pissouze !!) ,ni la pirogue ni rodriguez faut avouer, on a pas non plus tes lunettes de compet' nanou pour faire de la moto (là je m'incline, trop la classe)...
Je rejoins complètement le commentaire de Mathilde, on a vraiment pas l' air futé quand on essaye de parler lao ^^Ca fait un peu "Cinoc aime Choco" ^^ (demande à Anne Romain elle t'expliquera)
Continuez votre périple les ptits loups!